Le gouvernement envisage d’allonger le délai de carence des arrêts maladie dans le secteur privé pour réaliser des économies. Mais cette mesure est-elle réellement efficace pour réduire les dépenses ?
Objectif : un milliard d’euros d’économies
Le gouvernement espère économiser un milliard d’euros en allongeant le délai de carence pour les arrêts maladie. Actuellement fixé à trois jours, ce délai pourrait être porté à quatre, cinq, voire sept jours. Pendant cette période, l’Assurance maladie ne verse aucune indemnité, ce qui incite les salariés à privilégier des arrêts de travail de plus longue durée.
Un contexte économique agité
Face à la montée de la dette publique, l’exécutif explore diverses pistes pour réduire les dépenses. Selon la Tribune, l’une des mesures envisagées est d’augmenter le délai de carence pour les arrêts maladie des salariés du secteur privé. Cependant, le cabinet du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, précise que « rien n’est sur la table à ce jour », sans exclure cette option pour l’avenir.
Lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale, l’allongement du délai de carence a déjà été discuté. La branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) est excédentaire, malgré des dépenses en hausse. Les indemnités journalières représentent un tiers des indemnisations de cette branche, selon la Sécurité sociale.
Qu’en pensent les entreprises ?
La majorité des entreprises couvrent actuellement les trois jours de carence. Toutefois, une carence « d’ordre public », non prise en charge ni par l’Assurance maladie ni par l’employeur, est également envisagée. Cette mesure pourrait diminuer les arrêts courts mais augmenter les arrêts longs, selon une étude de la Drees.
Une mesure pas si efficace : l’exemple du secteur public
Les études montrent que le délai de carence n’est pas un outil efficace pour réguler les arrêts maladie. Un allongement de ce délai pourrait conduire à des arrêts de travail plus longs, augmentant ainsi les coûts pour la Sécurité sociale.
L’effet du jour de carence dans la fonction publique, introduit puis supprimé et réintroduit, a été étudié par l’Insee. La mesure a réduit les absences de courte durée mais a conduit à une augmentation des arrêts de plus longue durée.
En conclusion, allonger le délai de carence pourrait avoir des effets indésirables en augmentant la durée des arrêts maladie, ce qui pourrait finalement coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les débats et études se poursuivent pour évaluer l’efficacité de cette mesure.